On lit souvent dans la littérature photo qu'il est très intéressant d' «exposer à droite» lorsqu'on photographie au format RAW.

Autrement dit, sur-exposer légèrement ses photos lors de la prise de vue, puis les exposer correctement lors du post-traitement (par exemple sous Lightroom).

Je voudrais vous faire partager une analogie qui permet d'expliquer les raisons de cette technique.

Capteur Canon 6D

Un capteur numérique est un convertisseur analogique-numérique, c'est-à-dire qu’il traduit l’image qui pénètre par l’objectif en une information numérique, exploitable par les circuits électroniques de l’appareil photo et, plus largement, compatible avec le monde informatique (support de stockage, traitement d'image, diffusion,…).

Comme tout convertisseur, celui-ci va convertir les informations utiles, l'image, auxquelles vont s’ajouter des informations inutiles, ce qu'on appelle le bruit.

Pour utiliser pleinement les possibilités du capteur et obtenir la meilleure qualité d'image possible dans le fichier RAW, on peut faire l’analogie avec un enregistrement musical.

Lorsqu’on enregistre une musique, on joue avec deux notions, le gain (volume d'enregistrement) et la distorsion.
Pour illustrer ces deux notions, on peut se rappeler l’utilisation du vu-mètre, qui permet de régler le niveau du son enregistré sans qu'il atteigne la «zone rouge», synonyme de distorsion.

vu mètreAinsi, on va chercher à monter le gain le plus possible afin d’avoir la meilleure qualité possible du son enregistré. Avec ce fonctionnement, on cherche une amplification optimale du signal, avec le moins de bruit possible (le meilleur rapport S/B).

Si le gain n’est pas assez élevé à l’enregistrement, alors il faudra augmenter le volume lors de l’écoute. Dans ce cas, on amplifiera le son, mais aussi le bruit : le son peut alors se trouver fortement pollué par le bruit.

Par ailleurs, il faudra veiller à ne pas trop monter ce gain, car on risque alors de générer de la distorsion.
Dans ce cas, le signal trop fort ne peut pas être traité correctement par l’enregistreur (le signal est écrêté, saturé) et ne pourra jamais être correctement restitué lors de l’écoute ultérieure (le son est distordu).

En photo c’est pareil !

L’histogramme de l'appareil photo permet de contrôler l'exposition.

histogramme-gauche

Si la photo est sous-exposée, les informations utiles de l'image sont mélangées avec du bruit. Lors du développement du fichier RAW, il va falloir augmenter l’exposition pour rattraper la sous-ex, ce qui aura pour effet de faire monter le niveau de bruit dans l’image, en particulier dans les basses lumières (teintes sombres).

histogramme-droite

Au contraire, si la photo est très sur-exposée, les hautes lumières (teintes claires) sont «brulées» (le capteur ne peut plus enregistrer d'informations supplémentaires : on a du blanc et rien que du blanc). Lors du développement du fichier RAW, il va falloir diminuer l’exposition pour rattraper la sur-ex, mais les informations écrêtées seront définitivement perdues (les zones «brulées» resteront blanches).

histogramme-centre

«Exposer à droite» ses RAW (sur-exposer correctement ses photos) permet de reproduire le principe utilisé pour les enregistrements sonores : maximiser les informations enregistrée, afin d'avoir le niveau de bruit le plus faible possible dans les basses-lumières, tout en veillant à ne pas saturer les hautes-lumières.

Lors du développement de l'image RAW, on pourra retrouver le niveau d’exposition réel de l’image, mais avec un meilleur niveau qualitatif que si la photo avait été exposée normalement, ou pire, si elle avait été sous-exposée.

Bien sur ces raisonnements ne sont pas valables pour les photos prises directement au format JPEG.
Dans ce cas là, comme la photo est «figée» dans un format moins riche que le format RAW, il convient de poser «juste», car il est très difficile de rattraper la photo après coup si celle-ci a été sous ou sur-exposée.

Cela montre un des avantages de photographier au format RAW, j'aurai l'occasion de revenir sur ce sujet.